Historique
DEPUIS 1945
Il est difficile dans les périodes troubles de la deuxième guerre mondiale de trouver la fin de l’existence du Sport Vélocipédique Agenais, club doyen de toute notre Guyenne. Plus ancien que l’UVF, le Sport Vélocipédique Agenais est de plus une des sociétés qui s’est regroupée sous sa tutelle, quatre ans après sa naissance, tout ceci sous l’impulsion de Monsieur Matecaze, son président. Pour l’heure, on se contentera de dire, peut-être à tord, que la fin de cette société coïncide avec la période trouble de la Libération. C’est en effet en 1945, qu’on annonça la naissance du Guidon Agenais, lui-même signalé comme l’héritier direct du Sport Vélocipédique Agenais par la presse de l’époque. Monsieur Marcel Meyre en fut le premier président. On retrouvait à la vice-présidence Messieurs Edouard Bourdieu et Henri Ayot, Monsieur Jean Blanc et Robert Lummert à la trésorerie, puis l’incontournable Monsieur Léo Lespès au secrétariat. Enfin, un délégué de l’UVF était nommé et c’est Philippe de Balade, qui assurait cette fonction auprès de cette vieille dame, devenue en 1940 la Fédération Française de Cyclisme, que l’on connaît si bien …
En 1946 le Guidon disposait d’un vélodrome, dans un état plus que lamentable. Il fallut trouver de la main d’œuvre bénévole et des finances pour rétablir tribunes, gradins et pourtours entièrement détruits par le temps et par l’occupation allemande. Construit en 1895, ce vélodrome de Sembel (du nom d’une rue voisine du parc des sports), s’appelait en vérité vélodrome Paul Dangla, en mémoire du grand champion disparu. On courait des épreuves de vitesse, l’individuelle, l’américaine et surtout des courses derrière de grosses motos pour mettre la mode au pays. Au terme de nombreux travaux, ce vélodrome fut rouvert aux compétiteurs le 15 septembre 1947 et c’est Jean Bidart de l’UC Arcachon, qui fut le grand vainqueur de cette reprise.
Pour mieux sécuriser les parcours des coureurs, pour mieux rassembler et contenter le public, le Guidon organisait dès 1946 aussi « la course des Huit Heures ». C’était une américaine courue sur l’esplanade du Gravier où devant des barrières noires de monde, la paire Tassin-Caput l’emportait après 298 kilomètres de course contre quinze équipes.
Parmi les grands coureurs de cette saison de la relance (1946), le Guidon Agenais comptait sur Alfred Macorig, Roger Durand, Paul Pineau, Jacques Pineau, Manuel Huguet, Roger Bon-Ventura, Hervé Prouzet, Félix Adriano, Guérino Pontoni, René Hostandie, Rabot, Fort, pour ne citer que les grosses locomotives équipées soit par les cycles Métropole, soit par Erka.
Côté route, le club organisait outre ses fameux « Huit Heures », les traditionnels Prix Velga, le Prix Fournous, le prix Saint-Rémy et celui des commerçants de la ville dont Pailler de Montendre, sera le vainqueur en 1946. Partout le Guidon se distinguera. En 1947 il remportera le Challenge Dassé mis en jeu par le Comité de Guyenne sur dix épreuves route et sur dix autres sur piste, grâce à son équipe phare composée alors de Durand, Pontoni, Prouzet et Bon-Ventura. Vainqueurs, ils laisseront derrière eux tous les clubs de la Gironde dont le SA. Bordelais, l’ASPOM, Caudéran, les Girondins et le CAM face à leurs désillusions.
La période faste du Guidon et de ses pros
Le 9 avril 1947, Roger Durand licencié au club, s’adjuge le prix d’ouverture du Guidon Agenais devant le Marmandais Ragagnin. Les « Huit Heures de la ville » occupent déjà les esprits des organisateurs. Il est vrai que l’on vu avant guerre les Aerts, les Maye, les Fontan et autres Roger Lapébie, glaner ici un succès au début de leur carrière. Mais ces « Huit Heures » constituaient aussi une manifestation avec ses hauts et ses bas. Des leaders refusaient de venir par manque de finances et sous prétexte de l’ampleur et de la durée du parcours. De plus, la table de contrôle n’avait point la côte, suite à de nombreuses erreurs de pointage des commissaires qui selon la presse, se devaient d’être balayés plutôt que présent en ces lieux. Toujours est-il que Louis Caput associé à Kléber Piot remportait l’édition de 1947. Pendant ce temps, les coureurs du club occupent de bonnes places, à l’image encore de Roger Durand qui s’adjuge Bordeaux-Jarnac, puis le prix du commerce à Bergerac
– Dès 1948, le Guidon cherche à s’investir dans les championnats en organisant le 25° Pas Dunlop. Un parcours simple de 65 kilomètres, passant par Agen, Sérignac, Feugarolles, Vianne, Lavardac, Nérac et retour sur Agen. Un championnat départemental des juniors comme on les connaît, qui reviendra à Missante, licencié à Casteljaloux, devant le jeune Draugard qui portait les couleurs du Guidon Agenais. En cette nouvelle saison, la victoire des « Huit Heures » reviendra au duo Carrara-Le Niherzy, alors que longtemps Macorig associé à Caffi occupèrent la tête de cette épreuve infernale par sa durée. Le 3 octobre 1948, un hommage est rendu à Paul Dangla par une organisation grandiose, celle du Challenge qui porte son nom, couru sur 90 kilomètres par équipes de cinq coureurs, sur les boulevards de la ville, avec départ place du Pin. René Hostandie remportera le classement individuel et le Guidon Agenais le classement par équipes devant les clubs de Fumel, Toulouse, Tonneins et Tarnos. De la saison 1948, on retenait le succès de Félix Adriano lors de la Ronde de Guyenne Gascogne, celui de Hervé Prouzet au Grand Derby de Villeneuve sur Lot, d’Alfred Macorig au Tour du Gers, de Jo Bianco lors du Grand Prix de Bazas et enfin celle de René Hostandie lors du « Dangla », soit un belle razzia pour les couleurs du président Meyre qui totalisaient la bagatelle de soixante dix huit victoires.
Georges Bonnet occupait depuis la Libération, les fonctions de délégué du Lot-et-Garonne auprès du Comité de Guyenne présidé par Cyrille Abadie. Il fut remplacé ensuite par Monsieur Robert Couty à ce poste, dès 1949. Un comité qui suivait de près les activités des sociétés et où l’éducation physique tenait une part prépondérante. Sous la direction de Monsieur Gaston Péleran, manager général du Guidon Agenais, Messieurs Lespès et Bruyère furent désignés pour apporter leurs soins et leurs conseils aux jeunes qui devenaient du plus en plus nombreux dans le club. Dès le début de la saison 1949, le café Roy, siège du club est trop petit pour accueillir tout son monde. Le calendrier du club, c’est d’abord le cyclo-cross le 27 février, les courses de classement en mars, le prix des commerçants le 24 avril, le Prix Saint-Rémy le 8 mai, le Prix Velga le 29 mai, les Huit Heures le 16 juin, le prix de la Gare le 7 août et le Dangla le 25 septembre.
Jacques Bianco, Alfred Macorig et Paul Pineau
Côté participation aux épreuves le Guidon Agenais aligne :
– Professionnels : Alfred Macorig, Manuel Huguet, Hervé Prouzet, Félix Adriano, Roger Bon-Ventura et Guérino Pontoni.
– Indépendants : Joseph Bianco, René Prouzet, René Combes et Serge Lajoinie.
– Amateurs : René Hostandie, Honoré Pontoni, Carpuat, Castelnaud, Bénazet, Pariolleau, Pascal, Balitran, Bertocco, Navarro, Desplat, Cadras, Alphonse Macorig, Petraco, Beazzo, Ayma, Raphaël et Joseph Wasmoeskerken, Chaudron, Elie Pontoni, Vigouroux, Kulezka, Ismaël Dumoulin, etc….
– S’ajouteront une quinzaine de minimes et une éventuelle équipe de féminines, soit une formation dont on entendra parler…
Les Huit Heures revenaient donc au rythme des saisons. Depuis 1931, cette américaine avait conquis le public dans un cadre unique et une ambiance de fête. De plus le speaker Robert Monlong de par son talent, de par la connaissance du milieu cycliste, participait et réussissait à monter un plateau digne des grandes pistes cyclistes du pays. Roger Durand associé à Bon Ventura sera l’équipe agenaise victorieuse. De plus le « Paul Dangla » couru fin septembre 1949, restera la propriété du club Agenais grâce à Jean Bertocco vainqueur d’une épreuve animée par Michel Vérité le « speaker maison », qui prenait de la hauteur grâce à sa passion, mais aussi par la qualité de sa verve, son dynamisme comme son talent.
Le Lot-et-Garonne devenait une terre riche pour les cyclistes. Au seuil de la saison 1950, la monographie cycliste du département évoluait, avec le Cyclo-Club Barthéléméen, le CC de Beauville, la Pédale de Montflanquin, le CC de Casteljaloux, le VC Fumel-Libos, le SC Aiguillon, le CC Marmandais, le Guidon Agenais, le CC Miramontais, l’UCD Villeneuve, l’US Buzet, l’US Tonneins, le VC de Duras, le VC de Mézin, le VC Sainte-Livrade, l’US Francescas et le VC Néracais, soit dix-sept sociétés qui ne manquaient pas d’ambitions, d’initiatives, d’où la naissance d’une rivalité bien légitime entre les clubs. Ceux-ci se voyaient donc obliger d’amplifier leur énergie et de cultiver le culte de l’effort et de la victoire pour se retrouver parmi les meilleurs.
Un certain André Lesca en 1950
Le 27 février 1950, le Guidon Agenais est déjà à pied d’œuvre. On compte dans ses rangs cinq professionnels que sont : Alfred Macorig et Guérino Pontoni (chez Métropole), Roger Durand (équipé par Ducos), Félix Adriano (chez France-Sports) et Hervé Prouzet (Terrot). De plus on annonce l’arrivée du Néracais André Lesca (Elvish) qui vient grossir le groupe des indépendants et qui totalise pour la saison 1949, pas moins de douze victoires. S’ajoutent ensuite toujours chez les indépendants, Bianco (France-Sports) Bertocco (Marcaillou), René Prouzet (Magnat-Debon), Combes, Lajoinie, Honoré Pontoni, Carrara pour ne citer qu’eux… Quant aux épreuves, le Guidon reste fidèle à ses engagements. Le cyclo-cross du 5 mars à Agen sera remporté par le Tarbais Jean Menu, devant Bottéon, Durand et Lesca la nouvelle recrue, tous du Guidon Agenais. Ah ! ce cyclo-cross et son parcours qui empruntait les avenues de Gaillard et de Courpian, le chemin Fouyteport et le plateau de l’Ermitage vers Vérone et retour sur Font Roche, puis descente sur Gaillard après le passage aux carrières, tout cela à boucler deux fois, ce qui faisait plaisir au coach Monsieur Gaston Péleran.
– Monsieur Marcel Meyre conservait la présidence et toute son équipe de dirigeants. Le seul changement se situait dans l’équipe du secrétariat composée de Monsieur David et de Monsieur Daniel Terrières. Le Guidon venait de totaliser tout de même quatre-vingt deux victoires la saison passée et le staff composé des Lespès, des Péleran et des Vérité espéraient faire mieux en raison de l’esprit qui régnait et de la discipline imposée à chacun de ses membres. A ce titre, tous les coureurs se devaient d’être présents aux séances hebdomadaires de culture physique et de participer aux entraînements méthodiques et progressifs de l’ami Gaston Péleran. Et puis il y avait les réjouissances avec la nuit du Guidon qui débutait d’abord par un match sur home-trainer gagné par Macorig devant Prouzet et Durand. Ensuite place aux danseurs et aux musiciens avec bal et animation jusqu’au petit matin, s’il vous plaît….
– André Lesca remporte le 30 avril 1950 le prix Wolber régional à Toulouse devant 118 coureurs et en solitaire. Le 7 mai il retourne à Nérac dans son pays pour prendre le départ d’une épreuve. Michel Vérité tient le micro et André Lesca la gerbe à l’arrivée, ayant réussi à battre l’enfant du pays Settino Perrin, malgré les quatre ascensions de la côte de la Brasserie et de la côte blanche de Calignac. Quinze jours après, c’est à Paris lors de la finale de ce Wolber qu’il confirme ses prétentions de coureur à la fois puissant et gagneur. Agé de vingt ans, travaillant à Xaintrailles, Lesca est comparé à Dolhats. Sur un parcours de 210 kilomètres en Ile de France, il aura été l’attaquant de toutes les occasions, passant la ligne d’arrivée en solitaire et avec vingt-cinq secondes d’avance sur le Montpellierain Orts. Une semaine après il s’adjuge « le Velga », épreuve qualificative du Championnat de France mise sur pied par son club, le Guidon Agenais. Le Velga c’est un parcours de 170 kilomètres passant par Marmande, Aiguillon, Tonneins, Nérac, Casteljaloux, Condom et retour sur Agen. Malgré les grosses cylindrées, le jeune Lesca ne se laisse pas faire pour remporter le sprint devant Rançon, Jules Pineau, André Dupré, Jo Bianco, Babin, Dihars, Joulin, ce qui constituait déjà un groupe où il n’y avait que du beau monde… Les « Huit Heures » de la ville d’Agen se transformaient en « Six Heures » suite à des problèmes avec les coureurs qui ne voulaient plus venir, jugeant les huit heures de selle longue et difficile. D’autre part, les exigences des « As » devenaient insupportables, sur le plan du budget si bien que les dirigeants se décidèrent d’engager d’autres coureurs, d’excellent niveau certes et d’abaisser la longueur de l’épreuve de deux heures. La paire agenaise composée de Bon Ventura associé à Durand s’adjuge l’édition devant Tino Sabbadini associé à Ducourneau, 3° Moujica-Dujay, 4° les frères Bianco et 5° la paire Vigué-Testut, soit un classement de choix avec au micro l’incontournable Robert Monlong et le toujours passionné Michel Vérité, speaker du club bien connu. Au mois de juin, la journée cycliste Secrestat était une occasion pour le Guidon Agenais de s’investir avec le club des Girondins. Dans le cadre de la foire d’Agen, se courait la classique Bordeaux-Agen-Bordeaux. Cent cinquante kilomètres le matin du Pont de la Maye en passant par Langon, Bazas, Casteljaloux, Nérac et arrivée à Agen, puis l’après-midi retour sur Bordeaux.
– Le vélodrome Paul Dangla retrouvait une deuxième mais difficile jeunesse en ouvrant ses portes le 8 juillet 1950 et en nocturne. La réunion fut tellement chargée qu’elle se termina à deux heures du matin et toujours côté public, la grande passion, celle de voir les vélos courir derrière motos. Escudié remportait la vitesse, Dutein l’individuelle. Puis la paire Albouy-Bénazet de Toulouse, excellait dans l’américaine, alors que Sérès dans le demi-fond se classait premier tout en laissant entre temps à d’autres, l’occasion d’étaler leurs réelles qualités de stayers. En septembre, l’esplanade du Gravier accueillait les champions du Tour de France, dont Bartali et ses équipiers Magni, Léoni et Lambertini.
Assisteront également Ockers, Robic, Goldschmidt, Shotte le champion du monde, Lapébie le routier pistard et les meilleurs régionaux. Bartali et Corrieri furent les grandes vedettes de cette nocturne animée par Robert Monlong. En octobre, le prix des commerçants de la ville d’Agen rassemblait tous les ténors de la petite reine, ce qui permit à Albert Dolhats de Tarnos d’aligner dans l’ordre Ducourneau le montois, Pineau le montalbanais, Bianco le routier maison et Vivier de Ribérac. Du vélo, on en faisait partout, jusqu’à des épreuves sur home traîner avec Michel Vérité au micro. Durant l’hiver, le Guidon mettait toujours la pression sur ses jeunes en mettant sur pied un concours départemental d’Education Physique. En Guyenne, le Guidon Agenais était toujours cité de par la qualité de sa formation, inculquée à tous ses coureurs avec compétence et sérieux.
NOTA Faiblement industrialisée, la Guyenne a fait appel à la main d’œuvre étrangère au 19° siècle d’abord, puis entre 1926 et 1931, pour repeupler les terres, après le grand vide et les pertes humaines de la guerre 14-18. A ce titre, les italiens ont largement contribué à la modernisation de l’agriculture locale, notamment en Lot-et-Garonne. Ils ont également porté une grande contribution dans les métiers de l’artisanat, principalement ceux liés au bâtiment. C’est pour cette raison que parmi les coureurs, on rencontrait de nombreux jeunes issus de couples de métayers, pour la plupart originaires de Vénétie et du Frioul, régions de forte natalité et dont les sols peu fertiles, semaient la misère dans ces familles. En Lot-et-Garonne, le flot régulier d’immigrés italiens, dont certains fuyaient le fascisme de Mussolini se sont bien intégrés dans la vie et les activités publiques comme sportives et à ce titre, le cyclisme a constitué pour nombreux d’entre eux une excellente base de lancement. Il faut de même savoir que dans les années qui ont suivi la libération, les coureurs italiens non naturalisés devaient demander leur licence à l’Union Vélocipédique Italienne, qui possédait un bureau au 24 boulevard Poissonnière à Paris (9°). D’ailleurs en lisant les noms, on retrouve beaucoup de sportifs aux consonances italiennes, notamment au Guidon Agenais avec Adriano, Macorig, Pontoni, Bianco, Delpicolo, Bertocco et bien d’autres… Quand on consulte l’étymologie des noms de familles italiennes, on constate que Lesca figure parmi elles. Donc rien d’officiel, mais peut-être que lui aussi possède des origines transalpines. Et puis Nérac était un fief italien. En lisant la course de classement du VC Nérac courue le 20 mars 1949, on lit tout de même des noms qui comme Butani, Barratera, Céréa, Marienzo, Buffa, Bacarro et Biano, pour ne citer que les premiers de la course, sont des noms qui ont bien tous une consonance italienne.
– 1951 débute par le rituel « Wolber » sur 170 kilomètres dans la campagne agenaise, prix qualificatif pour le Championnat de France et dont Settino Perrin de Nérac remporte en battant au sprint le coureur local Delpicolo. Une fois de plus les coureurs agenais démarrent sur les chapeaux de roues, par les succès de Roger Durand au 33° Circuit de la Chalosse, de Hervé Prouzet lors de l’épreuve Toulouse-Decazeville et retour, puis par Adriano au Velga. Le 22 août Agen et le Guidon reçoivent Koblet et Bobet en vedette de la traditionnelle nocturne du Gravier. Les succès continuent de combler le président Marcel Meyre, tandis que Monsieur Gaston Péleran est nommé moniteur général du Lot-et-Garonne par M. Couty son délégué, au titre et à la vue de sa compétence dans le travail préparatoire des coureurs.
Le titre pour André Lesca à Carcassonne
En 1952, le Guidon Agenais poursuit ses réunions qui se tiennent désormais et depuis quelques temps au bar du Bristol, route de Cahors. Même cette année, le président organise sa course avec le Prix des Etablissements Meyre et sur l’itinéraire suivant : Agen, Laroque-Timbaut, Villeneuve, Sainte-Livrade, Monclar, Castelmoron, Gouneau, Lafitte sur Lot, Bourran, Clairac, Tonneins, Aiguillon, Damazan, Buzet, Lavardac, Nérac, Roquefort-Lasmounines et Agen, avec arrivée cours de Belgique, face au café Régent.
Après 162 kilomètres de parcours, René Hostandie remporte en solitaire l’épreuve comptant, il faut le dire, pour la sélection pré-olympique, pendant que notre André Lesca se qualifiait pour les Championnats de France après sa victoire à Pau, lors du Prix Lapasserie. Le trio Jo Bianco, André Lesca et Pierre Barrière, remporte le Championnat de Guyenne des sociétés disputé à Marmande.
On savait les Agenais puissants et véloces, ils ont fait preuve de leur homogénéité en terminant avec plus de trois minutes d’avance sur le redoutable VC Lion, classé deuxième… de bon augure pour les Championnats de France qui se dérouleront à la mi-juillet Carcassonne.
C’est le circuit du Bazadais qui servait de cadre au Championnat de Guyenne route où quatre vingt treize coureurs, dont vingt neuf amateurs et soixante quatre indépendants allaient en découdre sur un parcours de 186 kilomètres.
Et là encore on assista à la supériorité manifeste de l’Agenais André Lesca. Mais c’est l’amateur Robert Rodières, un autre agenais, qui sera à l’origine d’un départ fulgurant.
Précédant les échappées de 500 mètres, Rodières s’en allait seul lorsque André Lesca à son tour fila pour rejoindre son équipier. La cause était entendue. Derrière, les Agenais Bianco et Carpuat contrôlaient la course, alors que Lesca terminait seul devant son équipier tout de même classé premier amateur. André Lesca Champion de Guyenne route se voyait récompenser par Cyrille Abadie, qui lui remit le maillot couleur lie de vin aux armes de Guyenne, lors du protocole.
Le 14 juillet 1952 ce sont 189 kilomètres qui servent de cadre aux Championnats de France des indépendants qui se déroulent à Carcassonne. Sur un parcours montagneux, avec le col des Martyrs situé à la périphérie de Mazamet, puis celui de l’Alaric et celui du Bouc tous deux proches de l’arrivée, deux hommes sont en tête au kilomètre 174 et de surplus, deux agenais avec André Lesca et Jo Bianco. Ils poursuivront leur route pour franchir dans l’ordre l’arrivée au vélodrome de la Préfecture de l’Aude.
Encore une journée sensationnelle et qui comptera dans les annales du club, d’autant plus que dans le Championnat de France des sociétés, le Guidon termine 5° derrière l’UV Auch sacrée Championne de France, l’équipe de la Vienne (2°), celle de Bercy classée 3° et de l’AC Boulogne Billancourt (4°). C’est lors de ce Championnat qu’un certain Jacques Anquetil de l’AC Sotteville devenait aussi Champion de France des amateurs.
– La fin d’année se passait dans un réel optimiste, avec une assemblée générale de Guyenne où le Guidon Agenais était bien récompensé et mis à la une de l’actualité. Maintenant le Lot-et-Garonne comptait vingt et une sociétés avec le CC Barthéléméen, le CC Beauville, le CC Casteljaloux, le CC Marmande, le CC Miramont, la Pédale de Tonneins, le Guidon Agenais, la Pédale de Villeréal, le SU Damazan, l’UCD Villeneuve, l’US Astaffort, l’US Buzet, l’US Tonneins, le VC Duras, le VC Fumel, le VC Libos, le VC Mézin, le VC Nérac, le VC Livradais, le VS Marmande et l’US Francescas, soit de plus en plus de coureurs et de plus en plus de clubs et de rivaux pour se faire une place au soleil.
Pour 1953, le bureau était reconduit, avec un nouveau secrétaire en la personne de M. Laureau. Monsieur Gaston Péleran se retrouvait toujours en qualité de directeur sportif, Monsieur Léo Lespès au vélodrome et Monsieur Pierre Bénazet à l’éducation physique. Les coureurs ne manquaient pas à l’appel, les seuls changements étant du côté des partenaires des coureurs professionnels et indépendants. C’est ainsi que Félix Adriano, Honoré Pontoni et Roger Durand étaient équipés par les cycles Marcaillou, cet ancien as régional du Tour de France au cours des années 1933-1939. Alfred Macorig lui se retrouvait à 32 ans chez Métropole, mais toujours fidèle aux couleurs de son club.
– Le 28 juin 1953, le Guidon Agenais prenait en charge le Championnat de Guyenne des Indépendants disputé dans le cadre du Prix Meyre. Une grande excursion de 175 kilomètres partant d’Agen, en passant par Villeneuve, Sainte-Livrade, Granges sur Lot, Clairac, Tonneins, Marmande, Casteljaloux, Houeilles, Lausseignan, Lavardac, Nérac, Agen. Les Agenais ne furent pas aussi heureux que la saison passée. C’est Jacques Bianco de Fumel qui sera titré, Rodières terminant 4°, Hostandie 8° et Lesca le sortant, 21°. Ironie du sort, c’est encore le Champion de Guyenne, comme l’an passé qui deviendra dans le Lyonnais, Champion de France. Désormais après André Lesca, Jacques Bianco (licencié en 1951 au Guidon Agenais), levaient à son tour les bras, pour recevoir le maillot tricolore, soit une bien belle récompense pour le VC Fumel. Lesca lui n’était pas en reste avec des victoires à Tours (pour la deuxième fois), à Marmande, à Auros, au Tour du Lot et Garonne, à Aillas, pendant que Jo Bianco gagnait le prix Lafargue à Bègles, puis à Casablanca le critérium des As, épreuve d’ouverture de la saison marocaine.
Et rebelote pour Lesca à Montlhéry
La saison 1954 voyait un changement dans les instances du Guidon Agenais. Monsieur William Lamarque devenait nouveau président, Daniel Terrières secrétaire, tandis que Robert Lummert conservait la trésorerie. Côté direction technique, pas de changement et toujours ce concours de l’éducation physique de Guyenne où le Guidon excellait avec Robert Rodières, qui s’adjugeait le classement individuel. Deux fois par semaine, les mardis et les vendredis, les coureurs participaient aux séances d’entraînement sur un pignon fixe 46 x 18, tout cela sous l’œil vigilent de Monsieur Bénazet. André Lesca restait toujours un grand leader, avec des succès à Maurs, Bergerac, Mont de Marsan. Il manquera à Tours sur les bords de la Loire la passe de trois, en terminant deuxième. Sur l’esplanade du Gravier, les « Huit Heures » revenaient avec des équipes relevées. On notait pour la course du 17 juin 1954 Henri Prouzet associé à Sabbadini, Dolhats-Lesca, Bianos frères, Rançon-Vasquez, Pineau frères, Cigano-Dihars, Barrère-Bohès, Albouy-Bénazet, Perrin-Faget, Bidard-Bermudez, Ducourneau-Laffargue, Jacob- de Osties, Vigué-Hostandie, Linarès-René Prouzet, Rodières-Honoré Pontoni, ce qui représentait les plus fines pédales à la disposition de Robert Monlong le talentueux speaker.
La saison 1955 voyait Roger Durand triompher pour la deuxième fois lors du circuit de la Chalosse devant son équipier Pontoni. Décidément, les coureurs agenais devenaient les abonnés des doublés. André Lesca gagnait détaché le 2° Bordeaux-Brive, devant Georges Dupré de Lalinde et Pierre Rinco de Caudéran. En ce mois de juillet Lesca était en grande forme.
Vainqueur à Mont de Marsan, il récidivait à Montlhéry en remportant pour la deuxième fois le titre de Champion de France des Indépendants devant l’Orléanais Finet et le Poitevin Pallu. Alors que Jean Gainche lançait sa mécanique au pied de la côte Lapize, Lesca et Finet remontaient irrésistiblement le breton, pour le dépasser et donner ainsi au Lot et Garonne son deuxième titre national, à 28 ans à peine. La Guyenne pouvait pavoiser, avec un Roger Darrigade de l’US Dax sacré champion de France des amateurs le lendemain dimanche, sur le même circuit. Hervé Prouzet terminera la saison en s’adjugeant le Grand Prix d’Arcachon, le critérium professionnel de Vergt en Dordogne. André Lesca confirmera son titre à Marmande par une belle victoire, Honoré Pontoni quant à lui sera récompensé à Villemur où il s’imposera.
– Il ne restait plus que l’assemblée générale de Guyenne pour récompenser encore le Guidon Agenais qui n’arrêtait pas d’étonner par ses performances. C’était d’ailleurs le moment pour que Monsieur Couty délégué du département, passe le relais à son secrétaire, Monsieur Naudy, qui sera remplacé vers 1980 par Monsieur Gasquet, puis lui-même par Monsieur Laffineur.
Depuis 1955, la grande roue du Guidon Agenais a bien tourné. Le club de la Préfecture du Lot et Garonne continue de travailler en faveur de cette discipline, dont le passé est si riche en souvenirs, en victoires et en émotions. Aujourd’hui, Cédric Cavalier son président s’emploie pour faire vivre le club et le Tour du Lot et Garonne, entouré par une poignée d’amis toujours dévoués pour servir ce cyclisme, dont l’histoire constitue un patrimoine sur lequel on peut méditer…
Personnalités marquantes
Coureurs de 1946 à 1955 :
Félix Adriano, Hervé Prouzet, Alfred Macorig, Roger Durand, Guérino Pontoni, Paul Pineau, Jacques Pineau, Manuel Huguet, André Lesca, Landais, Bon Ventura, René Hostandie, Jacques Rabot, Fort, Honoré Pontoni, Draugard, René Combes, René Prouzet, Serge Lajoinie, Essio Wreck, Jo Bianco, Jean Bertocco, Pierre Carpuat, Castelnaud, Bénazet, Pariolleau, Pascal, Balitrand, Navarro, Desplat, Cadras, Alphonse Macorig, Petraco, Beazzo, Ayma, Raphaël Wasmoeskerken, Joseph Wasmoeskerken, Chaudron, Elie Pontoni, Vigouroux, Kulezka, Ismaël Dumoulin, Delpicolo, Marius Baron, Emmanuel Médrano, Jean Morère, Gilbert Pinello, Laffargue, Pascal, Bottéon, Tinti, Lafitte, Pierre Delserre, Pierre Barrière, Jean Canouet, Trévisol, Bichet.
Dirigeants de 1946 à 1955 :
Marcel Meyre, Edmond Bourdieu, Henri Ayot, Jean Blanc, Robert Lummert, Léo Lespès, Philippe de Balade, Gaston Péleran, Bruyère, Michel Vérité, Faget, Louis Farré, David, Loré, Chabrié, Pierre Bénazet, Sicard, Fernand Dubernard, Boissières, Lamy, Bozzi, Laclaverie, Lagravère, Benet, Marquès, Gourseaud, William Lamarque, Léon, André Pradat, Daniel Terrières, Jules Lameau, Roger Bigorre, Cazalis, Jean, Dedieu, Ferragus, Garry, Lamy, Bosi, Malissens, Marquez, Mussens, Peyrefitte, Rigal, Bazas, Arthemon, Debladis, Farre, Péberay.
Palmarès de quelques coureurs du Guidon Agenais
HUGUET Manuel : né le 28 novembre 1918 à Lherm. Décédé le 18 avril 1995 à Cornebarrieu.
1943 : 1° du Grand Prix des Provinces Françaises, 1° de Saint-Girons-Saint-Gaudens.
1944 : 9° de Paris-Roubaix, 22° de Paris-Tours.
1955 : 2° du Critérium National, 3° de Manche-Océan, 14° de Paris-Roubaix.
1947 : 1° à Montluçon, abandon du Tour de France.
Termine sa carrière en 1951 chez Marcaillou. A couru de 1943 à 1949 chez Métropole France-Sport-Dunlop.
ADRIANO Félix : né le 6 mars 1920 à Montforte d’Alba (Italie). Naturalisé français le 1° octobre 1943.
1944 (Erka Dunlop) : 2° du GP d’ouverture de Tolosa.
1945 (France Sport Dunlop) : 1° d’une étaoe du circuit de l’Indre, 3° du Circuit de l’Indre.
1946 (France Sport) : 1° à Alès.
1947 (Erka Ibéria) : vainqueur de quatre étapes du Tour d’Espagne, 2° de la 13° étape et 3° de la 5° étape, 8° du général du Tour d’Espagne, 1° à Boussac.
1949 (Terrot, Thomas, Rosset) : 3° de Bordeaux-Saintes.
Termine sa carrière en 1952 en portant tour à tour le maillot de Elvish Fontan Ibéria, puis de Terrot Magnat Debon et de France Sport-Dunlop Terrot.
MACORIG Alfred : né le 8 décembre 1921 à Dolegna del Collio (Italie). Naturalisé français le 27 novembre 1946.
1943 (Erka) : 1° du critérium des Pyrénées, 1° Toulouse-Agen, 1° du GP Agenais (1° des deux étapes), 1° du Tour du Lot et Garonne, 1° à Agen, 1° à Saint-Gaudens.
1944 (France Dunlop) : 1° de Toulouse Tarbes, 1° du GP d’Armagnac, 1° du GP de Cahors, 1° à Toulouse, 1° à Grenade sur Garonne.
1945 (Métropole Dunlop) : 1° à Saint-Denis, à Brive et à Pamiers.
1946 (Métropole Dunlop) : 1° du Circuit d’Auvergne, 1° à Saint-Junien.
1947 (Métropole Dunlop) : 1° du Tour de Corrèze, 1° du Tour d’Auvergne, abandon au Tour de France.
1948 (Métropole Dunlop) : 1° du Tour du Gers et 1° de la 3° étape, 1° du GP des Landes, 1° de la 2° étape du critérium Charentais, 3° du circuit des Boucles de la Seine.
1949 (Métropole Dunlop) : 1° à Espéraza, 1° du Derby de la route à Villeneuve sur Lot, 1° du GP d’Arcachon, 1° du Prix de la Pallice à La Rochelle, 1° de la 6° étape du Tour de l’Ouest, 1° à Bergerac, 1° à La Rochette, 2° du GP de la Tomate à Marmande, 6° de Paris-Vimoutiers, 12° de Paris-Roubaix, 15° de Paris-Bruxelles, 16° de Paris-Tours.
1952 : 1° à Aunac.
Quitte le cyclisme en 1953 en restant chez Métropole Dunlop. En quittant le Guidon Agenais, il devient en 1954 l’entraîneur du tout nouveau Guidon Villeneuvois.
DURAND Roger : né le 7 octobre 1922
1947 : 2° de Bordeaux-Saintes, 1° de Bordeaux-Jarnac, 1° à Agen, 1° à Bergerac.
1948 (Erka) : 1° à Périgueux
1949 (Elvish Fontan Wolber) : 3° du circuit de la Vienne et 3° du GP du Libre Poitou, 1° à Agen, 1° des Huit Heures d’Agen
1951 : 1° du Circuit de la Chalosse
1950 (Ducos Cycles)
1952 (Chaplait)
1955 : 1° du Circuit de la Chalosse
PROUZET Hervé : né le 20 juin 1920 à Cauzac
1946 (Terrot) 1° à Auch et à Castéra Verduzan
1947 (Terrot) 3° de Bordeaux-Cognac
1948 (Terrot) 1° Damazan, à Villeneuve et à Monsempron.
1949 (Terrot) 1° de Bordeaux-Dax.
1950 (Terrot) 2° de la 10° étape du Tour de France, 3° de la 5° étape, abandon du Tour de France, 2° du circuit des stations thermales de la Bigorre, 3° de Bordeaux-Charente, 1° à Casteljaloux, 1° de Bordeaux-Cognac.
1951 (Terrot) 1° d’une étape de Toulouse-Decazeville et retour, 2° du Tour de Corrèze, 1° du GP Salomon.
1952 (Terrot)
1953 (Royal Fabric) : 1° Tour de Dordogne, 1° de Capbreton-Hossegor, 2° à Montluçon, 3° du Tour du Calvados, abandon du Tour de France.
1954 (Royal Codrix Gitane) : 1° de la 1° étape du Tour de la Manche, 1° du Prix Martini à Villeneuve sur Lot, 1° à Langon, 1° à Brive.
1955 (Royal Fabric) : 1° à Vergt, 1° à Arcachon
1956 (Royal Fabric) 1° à Arcachon, 3° du Circuit de l’Indre.
1957 (Royal Fabric).